lundi 23 juin 2008

Où sont les hommes ?


C'est d'un brin provocateur qu'Eric Zemmour dans son ouvrage intitulé Le Premier sexe, dépeint une société occidentale contemporaine où l'homme a perdu son identité sociale. Ceci permet de nuancer un tant soi peu la lecture que j'ai pu faire précédemment (cf. précédent article).

Pour celui ci il y aurait une tendance à la féminisation qui se manifesterait par divers phénomènes:

- par les valeurs d'abord : la douceur sur la force, le dialogue sur l'autorité, l'écoute sur l'ordre; la mixité totalitaire est en marche

- par les médias : la presse féminine véhicule des modèles androgynes de corps épilés, soignés, doux, et honnit le machisme; la télévision met en orbite des pygmalions homosexuels

-par l'image : l'idéal féminin est un clone, le féminisme une machine à fabriquer du même, affirmant que la "nature" n'est que le résultat de logiques culturelles et sociales, nous passons d'une société d'ordre à une société du désordre

-la culpabilisation des clients de la prostitution: toute relation sexuelle qui ne soit pas sanctifiée par l'amour serait donc à bannir, la conception d'un désir masculin distinct de l'amour, l'homme ne devant plus être un prédateur du désir

- la législation : l'auteur prend l'exemple de la directive européenne du 23 septembre 2002 interdisant le harcèlement sexuel et le définit comme atteinte à la dignité d'une personne , il n'est plus question de draguer, de séduire mais seulement d'aimer

-paradoxe: au moment de l'appropriation des femmes des attributs virils par excellence (argent, reconnaissance sociale) , on assiste à l'explosion des dessous libertins comme une réponse à la baisse du désir masculin inhibé par le diktat du respect et de l'amour obligatoire

- l'histoire : la guerre de 1914 a mis un terme à l'identité masculine où l'homme devient victime, objet d'un destin qui le dépasse et les femmes savent dès lors qu'elles peuvent remplacer les hommes; le passage de l'instruction (faisant appel aux qualités rationnelles) à l'éducation (tournée vers l'épanouissement de l'enfant) après 1945; la fin de la pulsion de mort après 1968


L'auteur conclut ainsi : le rôle de régentes de la société que les femmes se sont attribué finira par leur peser trop lourd au regard des premières frustrations qui se font jour à l'égard de ce nouvel homme féminisé.

mardi 1 avril 2008

Pour une indifférence des genres


C'est à la lecture du dernier ouvrage paru par l'écrivain Virginie Despentes, intitulé King Kong Théorie qu'il m'a été possible de constater que la révolution sexuelle n'a pas bouleversé encore toutes les "distinctions" liées au sexe d'une personne.

Dans un style le plus souvent "rentre-dedans", l'auteur décline à travers ses propres expériences le processus culturel et politique d'infériorisation contemporaine des femmes :

- elle fustige le politique et l'Etat infantilisant dont l'un des rôles serait de préserver cette "mécanique de l'infériorisation" des femmes notamment par une propagande pro-maternité

-la "chaudasserie" féminine véhiculée par les médias par le biais de la mode, de la publicité sont des preuves de soumission aux diktats esthétiques, la diminution volontaire en se positionnant séductrice qui souligne l'assimilation par les femmes que leur indépendance a un caractère néfaste

-le viol est une croyance politique construite et non une évidence naturelle, c'est un dispositif culturel qui a prédestiné les femmes à jouir de leur propre impuissance

- la prostitution est gardée dans l'illégalité pour préserver les avantages de la position de femme mariée; fait l'objet d'une image volontairement dégradante dans les médias car elle représente un service tarifé qui permet une indépendance de la femme que Despentes oppose volontiers à l'hypocrisie du mariage de femmes vénales voyant dans le mariage un contrat économique mais devant composer aussi avec une aliénation individuelle.

-enfin elle dénonce cette injonction sociale à la féminité, cet effacement dont devrait faire preuve les femmes.

En filigrane, c'est le témoignage de la condition d'une femme en proie à la précarité de l'emploi qui tente de s'y affranchir en expérimentant la prostitution et autres modes de contestation.

lundi 25 février 2008

La culture existe t-elle toujours ?

Récemment, nous avons appris que l'histoire de l'art allait entrer dans les programmes scolaires en 2009 en classes primaires. Un souci de la part du gouvernement d'accroître l'accessibilité des oeuvres aux plus jeunes et d'éduquer les générations futures aux sensibilités artistiques.

Pourtant, la culture ne semble pas constituer une des principales préoccupations de l'Etat en France, elle est désormais confrontée à une logique comptable (chiffres de fréquentation des salles de spectacles pris en compte par exemple). Y a t-il une véritable culture démocratique quand on sait que le temps de loisir est accaparé par l'usage de la télévision, des jeux vidéos et de l'internet ?

Quelle est la valeur d'une oeuvre aujourd'hui avec la généralisation du piratage des films ou de la musique ? Accès à l'art et à la distraction doivent -ils se confondre ?

vendredi 18 janvier 2008

Se faire violence



Grèves de la faim (député Lassalle contre la fermeture d'une usine dans les Pyrénées atlantiques, José Bové contre la poursuite de la production de maïs OGM en France), arrêt de soins des malades pour dénoncer les franchises médicales , coupure de doigt (envoyé au ministre de la Justice Rachida Dati) d'un coiffeur pour exprimer son désespoir auprès d'une affaire non réglée...Autant d'exemples tirés de l'actualité récente qui traduisent l'importance de se faire entendre médiatiquement par une violence que l'on s'applique à soi même.

Dans une époque où le corps est exhibé sous toutes ses formes aussi bien positivement que négativement, il n'est pas étonnant que la violence exercée sur celui ci ne produise pas un impact sur la sensibilité de l'opinion publique. C'est bien l'apparence qui génère de la réaction, moins les mots que les actions dans une société surmédiatisée.

lundi 7 janvier 2008

Internet, désormais le principal loisir des jeunes


Une nouvelle étape vient d'être franchie dans la massification de l'usage de l'internet. En effet, depuis la fin de l'année 2007, Internet supplante la télévision au rang des médias utilisés par les jeunes de 15 à 24 ans.

On peut ainsi prédire que le déclin de la télévision comme média privilégié dans les foyers ne va que s'accroître au fil des générations au même titre que le fut un temps la presse au profit de la radio.

Internet offre de plus de la télévision et de la vidéo "on demand", soit à la carte. Il est ainsi possible de se constituer son propre programme audiovisuel sans contraintes horaires, ce qui laisse une plus grande liberté à l'utilisateur.
L'information n'est plus le monopole de médias "officiels" avec le net, tout un chacun est susceptible de la produire, ce qui n'est pas sans engendrer des problèmes de crédibilité de l'information aux yeux des lecteurs.

Il sera indispensable que les autres médias accompagnent cette nouvelle révolution numérique pour instaurer une réelle vie démocratique.

samedi 5 janvier 2008

Une remise en cause nécessaire..


Edgar Morin, philosophe vient de faire paraître un nouvel ouvrage intitulé Pour une politique de civilisation.
Il souligne la nécessité actuelle d'opérer un changement réel de civilisation à travers la rénovation de nos outils de pensée et de nos idéologies.
Ce qu'il relève c'est que la forme actuelle d'élévation de notre niveau de vie s'accompagne d'une dégradation de la qualité même de la vie. Tout ce qui n'est pas quantifiable est évacué de la pensée politique.
L'individualisme fruit de conquêtes séculaires génère davantage de solitude, une dégradation des cadres collectifs producteurs de solidarités.

Le philosophe préconise une "politique de civilisation", qui réponde aux besoins non quantifiables de la société, c'est à dire par la réparation des souffrances, des détresses etc, une politique plus humaniste en somme.

Enfin l'idée de la constitution d'une confédération mondiale est évoquée ce qui remettrait en cause le système de la souveraineté étatique dans certains domaines mais c'est peut être à ce prix que certains problèmes tels que ceux liés à l'environnement pourraient connaître leurs partielles résolutions.