mardi 1 avril 2008

Pour une indifférence des genres


C'est à la lecture du dernier ouvrage paru par l'écrivain Virginie Despentes, intitulé King Kong Théorie qu'il m'a été possible de constater que la révolution sexuelle n'a pas bouleversé encore toutes les "distinctions" liées au sexe d'une personne.

Dans un style le plus souvent "rentre-dedans", l'auteur décline à travers ses propres expériences le processus culturel et politique d'infériorisation contemporaine des femmes :

- elle fustige le politique et l'Etat infantilisant dont l'un des rôles serait de préserver cette "mécanique de l'infériorisation" des femmes notamment par une propagande pro-maternité

-la "chaudasserie" féminine véhiculée par les médias par le biais de la mode, de la publicité sont des preuves de soumission aux diktats esthétiques, la diminution volontaire en se positionnant séductrice qui souligne l'assimilation par les femmes que leur indépendance a un caractère néfaste

-le viol est une croyance politique construite et non une évidence naturelle, c'est un dispositif culturel qui a prédestiné les femmes à jouir de leur propre impuissance

- la prostitution est gardée dans l'illégalité pour préserver les avantages de la position de femme mariée; fait l'objet d'une image volontairement dégradante dans les médias car elle représente un service tarifé qui permet une indépendance de la femme que Despentes oppose volontiers à l'hypocrisie du mariage de femmes vénales voyant dans le mariage un contrat économique mais devant composer aussi avec une aliénation individuelle.

-enfin elle dénonce cette injonction sociale à la féminité, cet effacement dont devrait faire preuve les femmes.

En filigrane, c'est le témoignage de la condition d'une femme en proie à la précarité de l'emploi qui tente de s'y affranchir en expérimentant la prostitution et autres modes de contestation.

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